Lorsque nous évoquons les risques psychosociaux (RPS) nous pensons systématiquement au stress, harcèlement, burn-out… Toutefois, le secteur animalier connaît des RPS spécifiques du fait de son inscription dans le champ de la relation d’aide. Fatigue compassionnelle, trauma vicariant ou trauma secondaire, vous connaissez ? Nous proposons une clarification de ces termes et leur signification pour les aidants du secteur animalier.
La Fatigue Compassionnelle
Nous avions enregistré un Podcast spécifique à son sujet tant elle est prégnante dans le secteur animalier[1]. Nous allons en reprendre l’essentiel. Pour commencer, rappelons que 9 personnes sur 10 sont concernées par la fatigue compassionnelle en refuge animalier d’après une étude menée aux Etats-Unis[2].
La fatigue de compassion est un terme général appliqué à toute personne qui souffre d’assister en qualité d'aidant. La fatigue compassionnelle, ou fatigue de l’empathie (souvenez-vous de la bataille terminologique) peut se définir comme une profonde lassitude du fait de contacts répétés avec de multiples vécus douloureux. Elle est spécifique aux métiers d’aidant auprès d’individus en souffrance. Elle se manifeste de plusieurs façons :
La fatigue de compassion survient donc lorsque l’on devient épuisé mentalement, émotionnellement ou physiquement à cause d'un travail empathique. C'est la conséquence naturelle du stress résultant du soin et de l’aide apportés à des personnes ou à des animaux traumatisés et en souffrance. La fatigue compassionnelle est l’épuisement physique et émotionnel qui découle de l'exigence constante de faire preuve de compassion et d'efficacité pour aider des êtres en souffrance.
Il est important de noter que la fatigue compassionnelle se distingue du Burn-out, qui est l’épuisement physique et émotionnel que les travailleurs peuvent ressentir en raison d’un environnement de travail difficile. Le stress et la frustration cumulés au travail peuvent affecter n’importe qui, quelle que soit la profession. Les racines du Burn-out sont intrinsèquement liées à l’environnement de travail (faibles salaires, horaires difficiles…)
Le trauma secondaire et le trauma vicariant
Si le stress traumatique primaire est une exposition directe à des événements extrêmes ou traumatisants, le Stress Traumatique Secondaire (STS) est le témoin d'événements extrêmement ou traumatisants stressants. Dans ce cas de figure, nous ne sommes pas réellement en danger et ne faisons pas l’expérience directe. Le traumatisme indirect devient un risque lorsque nous nous identifions de manière excessive au traumatisme de quelqu’un d’autre, dans notre cas ici les animaux. L’excès d’empathie ou la résonance excessive constituent le fondement principal du traumatisme indirect. Il y a une suridentification à la douleur, à la peur, à la détresse de l’animal. Ressentir dans son corps ses émotions, imaginer tout ce qui lui est arrivé : tout cela entraîne un risque important de subir un degré de stress, voire un traumatisme, similaire à celui de l’individu.
A noter la différence avec le Trouble de Stress Post-Traumatique (SSPT) qui est un trouble anxieux pouvant se développer suite à une exposition à un événement (ou une série d'événements) traumatisant. C’est le cas en refuge par exemple lorsque des professionnels ont senti leur vie ou leur intégrité physique menacées dans le cadre de leur travail, ou ont assisté à une scène horrifiante.
L’impact des RPS dans le secteur animalier
Les Risques Psychosociaux sont sources de mal-être pour les professionnels du secteur animalier, et ont plus largement des conséquences néfastes sur tout l’écosystème refuge. De plus, les RPS viennent également renforcer des biais cognitifs quant à la perception du monde et de l’espèce humaine.
En attendant, pour limiter la portée des RPS, il est possible pour les organisations d’offrir davantage de ressources, et d’éviter de faire peser sur les employés-bénévoles l’entière charge de la gestion des expériences émotionnellement difficiles en refuge. Des pratiques organisationnelles existent, et d'autres domaines, tels que les services sociaux à la personne, ont déjà ouvert la voie en termes de création de lieux de travail plus sains, dans lesquels le personnel est mieux soutenu, réduisant ainsi le risque qu'il nuise aux animaux et aux personnes dans le cadre de leur travail.
Nous pouvons apprendre des experts d’autres domaines. Pourquoi et comment réduire les RPS dans le secteur animalier, et donc préserver et rend pérenne la relation d’aide dans cet écosystème ? Nous proposerons des pistes de réflexion quant à l’implication des organisations dans un prochain article.
[2] Etude de la BFAS (Best Friend Animal Society) menée en avril 2023 auprès de 243 personnes représentant 122 refuges sur l’ensemble des Etats-Unis
Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à découvrir l’épisode du podcast dédié à ce sujet, dans lequel j'aborde plus longuement cette thématique. Cliquez simplement sur le lien ci-dessous
A bientôt !
Réale
Ethik Animara
One Welfare, Un seul Bien-Être
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